G. Marion u.a.: Abbayes, vie associative et tir à l’arc à Lausanne

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Titel
Abbayes, vie associative et tir à l’arc à Lausanne. XVIIIe au XXe siècles


Autor(en)
Gilbert, Marion
Erschienen
Lasuanne 2014: Bibliothèque historique vaudoise
Anzahl Seiten
292 S.
Preis
URL
Rezensiert für infoclio.ch und H-Soz-Kult von:
Monique Fontannaz

À l’occasion du 200e anniversaire de la construction du pavillon de l’Abbaye de l’Arc, la Bibliothèque historique vaudoise publie un ouvrage permettant de mieux connaître cet important acteur de la vie associative lausannoise. Plusieurs contributions éclairent les différentes activités de cette société, discrète et néanmoins encore bien vivante de nos jours.

La vocation première, l’exercice du tir, remonte à la fondation officielle de la Noble Abbaye de l’Arc en 1691. Elle n’est alors qu’une des innombrables sociétés vaudoises de tir évoquées en introduction par Gilbert Marion, qui naissent, se transforment ou disparaissent à un rythme soutenu depuis le début de l’époque bernoise. Afin de mieux comprendre le rôle social joué par l’Abbaye de l’Arc, David Auberson et Olivier Meuwly dressent un tableau des divers cercles, clubs, sociétés ou loges maçonniques qui ont vu le jour aux XVIIIe et XIXe siècles. Ces créations témoignent d’une vie lausannoise particulièrement dynamique. Elles répondent aussi bien à un besoin de délassement et de culture qu’à des préoccupations d’ordre moral, scientifique ou économique. Si le rôle politique de ces associations se développe après la Révolution, et si la composition de leurs membres se diversifie, on observe également des constantes héritées des salons du XVIIIe siècle, comme le désir d’appartenir à une certaine élite mais aussi l’engagement à défendre des valeurs que l’on juge adéquates pour la société en général. L’Abbaye de l’Arc fondée par les bonnes familles lausannoises de l’Ancien Régime, se situe dans la catégorie des associations conservatrices lors des troubles des années 1820-1840. L’évolution de l’Abbaye de l’Arc jusqu’à nos jours est placée dans un contexte plus large à la fin du livre, par l’évocation des autres sociétés de tir à l’arc qui subsistent, à Vevey et à Morges, et par la présentation de la discipline sportive, qui se pratique encore de nos jours à Lausanne.

Le coeur de l’ouvrage est constitué par la contribution de Paul Bissegger qui relate par le menu la construction puis les transformations de l’édifice de 1814. Cette approche très concrète, qui s’appuie sur un dépouillement systématique des archives, fournit de précieux renseignements non seulement sur l’histoire du bâtiment mais encore sur son mode d’utilisation et sur la mentalité de ses utilisateurs. Signe de l’importance du rôle joué par un immeuble dans la vie d’une société, le Cercle littéraire et l’Abbaye de l’Arc, propriétaires de leurs locaux, sont les seules sociétés lausannoises à avoir perduré jusqu’à nos jours.

La nécessité pour l’Abbaye de l’Arc de posséder un local de réunion s’est fait sentir au début du XIXe siècle, période de relative aisance financière où l’on commence à inviter les abbayes soeurs pour des concours de tir. Parallèlement à l’achat d’un terrain à proximité du tirage originel en 1812, l’architecte Henri Perregaux, qui adhère alors à la société, présente un premier projet très monumental, inspiré des hôtels parisiens de la fin du XVIIIe siècle. En mars suivant, il produit deux nouveaux plans, plus en accord avec les ressources financières de la société et réduits à un péristyle abritant à son extrémité un local fermé. Ce programme minimum est finalement rejeté par le Conseil qui opte pour une construction plus prestigieuse, afin d’attirer un public plus varié que les seuls tireurs à l’arc et ainsi dynamiser la société. Le projet définitif de Perregaux, mis en oeuvre en septembre 1813, revient à un édifice haut de deux niveaux et reprend quelques éléments d’un plan présenté peu avant par l’architecte amateur Jean-Siméon Descombes. Il se distingue notamment par la présence, dans la partie centrale, d’un portique à quatre colonnes délimitant un espace ouvert sur le jardin. Ce «péristyle », source de froid et d’humidité, sera rapidement fermé par des vitrages en 1835.

Les transformations ultérieures viseront à améliorer le confort et à adapter le bâtiment aux besoins des divers usagers. De nombreux groupements (militaires, politiques, culturels) sont en effet invités à partager les locaux, dans l’esprit des constructeurs de 1814. L’Abbaye elle-même y développe des activités autres que le tir, évolution qui se traduit par l’appellation «Cercle de l’Arc» apparaissant vers 1842. On se réunit désormais aussi en hiver. L’aspect convivial prend le pas sur l’exercice sportif. Le service hôtelier très simple des débuts se perfectionne, une salle de lecture prend place aux côtés d’une salle de jeu et d’un billard. Consciente de l’atout majeur que constitue la terrasse de Montbenon, la société aménage aussi le parc et le défend avec pugnacité contre les tentatives de le morceler. Elle résiste d’ailleurs aussi à la tentation d’exploi - ter la propriété selon des critères purement commerciaux, par exemple de reconstruire l’édifice sous la forme d’un immeuble de rapport.

Après avoir été le lieu de réunion le plus prisé de Lausanne durant près d’un siècle, l’Abbaye de l’Arc a ressenti le besoin d’ouvrir plus parcimonieusement ses portes. Elle reste néanmoins au service du bien public et de la culture, comme en témoigne la présente publication.

Zitierweise:
Monique Fontannaz: Rezension zu: AA.VV., Abbayes, vie associative et tir à l’arc à Lausanne: XVIIIe au XXe siècles, Lausanne: Bibliothèque historique vaudoise, 2014. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 123, 2015, p. 258-259.

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Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 123, 2015, p. 258-259.

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